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Papi et Mamie Daunay

19 mai 2007

Exode 1940


C'était Grand-père Henry qui gardait la maison et qui faisait fuir les éventuels pilleurs avec sa grosse voix. Les autres maisons du quartier ont été, soit dévalisées, soit occupées par les allemands.

 

Grand-mère Constance est partie en évacuation en poussant une brouette dans laquelle se trouvaient diverses choses et..... une oie d'une voisine qu'elle n'avait pu se résoudre à laisser aux allemands (oie vivante bien sûr !).

 

A la fin de la guerre, Papy a encore changé de métier, Il a quitté les Assurances pour devenir Commercial à
la Purfina Française. En fait, il aurait bien aimé ouvrir un magasin (une droguerie si mes souvenirs sont bons) mais Mamie s'y est opposée : elle connaissait son bonhomme qui aurait bien vu sa femme et éventuellement ses filles au magasin pendant que lui aurait tranquillement fait les comptes et à l'occasion été à la chasse !

 

Bref, ils sont restés dans leur maison à St Dizier où nous les avons vus ensemble jusqu'au 16 décembre 1981, puis Mamie seule pendant très longtemps.

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18 mars 2007

La rencontre et le mariage (par Suzanne)

Puis, grand père ayant quitté la fabrique, suite à une dispute, ils sont allés à la ferme HUOT où Constance a soigné la mère de Mr Huot à Etrepy pendant trois ans.

Mamie était alors en pension à Jeanne d’Arc, à Nancy, pension tenue par des demoiselles !

 

Ensuite, Grand Père Henry est allé diriger une usine à Ste Menehould, chez Mr Vasset et où il est resté de 1923 à 1926. Le père de Papy, Jean Baptiste DAUNAY, y était mécanicien chef. C’est là que Manie et Fernand se sont rencontrés dans la propriété où Mamie habitait (elle s’appelait « La Sucrerie » et quoique grande, n’avait pas l’électricité). Mr Daunay était venu dire bonjour avec son fils Fernand qui était en permission (Papy faisait son service militaire à St Dizier).

 

Mamie dit que la première fois qu’elle a vu celui qui devait devenir son mari, elle lui avait trouvé un air pas aimable du tout (entre nous, il faisait la gueule car cette visite ne lui plaisait pas).

 

Papy, lui, racontait que la première fois qu’il avait vu celle qui allait devenir sa femme, elle était entrain de cirer des chaussures et qu’il ne l’avait pas trouvé bien belle car elle avait le bout du nez tout noir !

        Ce qui n’a pas empêché le mariage ! Le 14 février 1927 Le jour de la ST Valentin, leur mariage ne pouvait pas être célébré sous de meilleurs auspices !
                                                                                                                      

mariagepapietmamie

Papy Fernand était fils unique. A l’époque, sa famille comprenait, le grand-père Alphonse Lombard époux de Clarisse de Quincieux (décédée). C’est de cette lointaine aïeule que Clarisse Daunay et Clarisse Deffuant tiennent leur prénom. Son père, Fernand Daunay, né le 27 avril 1872 à Joncy et décédé le 12 juin 1946 à Marnaval. Sa mère, Alice Lombard, née le 16 aout 1873 et morte le 15 juillet 1942 à Marnaval.

 

Il y avait aussi, avec eux Joséphine Lombard, qui était la sœur cadette d’Alice

 

Du côté Daunay, les frères et sœurs du Grand Père Baptiste se fréquentaient peu et même pas du tout avec ceux qui habitaient de l’autre côté de la Marne (trop loin !).  De plus, ils étaient très pauvres, habitaient dans une seule pièce avec une seule chambre au-dessus. On pourrait dire que les parents de Papy les snobaient.

Donc, Papy et Mamie se sont mariés à Ste Menehould, ils habitaient chez les parents de Papy et je me souviens que Mamie disait toujours qu’elle s’entendait bien mieux avec sa gentille belle mère qu’avec sa mère.

 

En 1927, c’était la grande mode de se faire couper les cheveux et lors d’un voyage à Paris, Mamie s’était fait faire la coiffure cette coiffure dans le vent. Mais elle ne s’attendait pas à la réaction de sa mère, qui, à la vue des cheveux coupés de sa fille est entrée dans une colère incroyable, se jetant sur son lit en hurlant.

 

Six mois après leur mariage, Papy et  Mamie ont loué une maison, toujours à Ste Menehould, le frère de Mamie, Edmond habitait le rez-de-chaussée. Il était agent d’assurances et Grand Père Henry s’occupait des écritures.

 

Edmond s’est marié en 1931 avec Charlotte Cordier, mariage malheureux. Au baptême de Mimi, Charlotte n’a pas voulu venir car Edmond voulait emmener ses parents avec lui….

 

Du côté Daunay, les frères et sœurs du Grand Père Baptiste se fréquentaient peu et même pas du tout avec ceux qui habitaient de l’autre côté de la Marne ( Trop loin !) De plus, ils étaient très pauvres, habitaient dans une seule pièce avec une seule chambre au-dessus. Ils avaient 5 enfants, Mamie disait que les cabinets étaient communs et qu’il y avait 6 places. On pourrait dire que les parents de Papy les snobaient.

 

Grand-Père Baptiste était revenu à Marnaval ou il était chef mécanicien (entretien des machines) à l’usine (Fonderie) il était aussi chef de Musique de la fanfare de l’usine. Il jouait du saxophone.

 

Papy a d’ailleurs enseigné quelque temps aux enfants de l’usine, avant de faire son service militaire. Il n’avait pas voulu rester à l’ Ecole Normale car on voulait lui faire apprendre l’Allemand alors qu’il voulait apprendre l’Anglais. Il a aussi travaillé au labo de l’usine pendant 1 an.

 

Donc, Papy et Mamie se sont mariés à Ste Menehould, ils habitaient chez les parents de Papy et je me souviens que Mamie disait toujours qu’elle s’entendait bien mieux avec sa gentille belle mère qu’avec sa mère.

 

En1927, c’était la grande mode de se faire couper les cheveux et lors d’un voyage à Paris, Mamie s’était fait faire la coiffure cette coiffure dans le vent. Mais elle ne s’attendait pas à la réaction de sa mère, qui, à la vue des cheveux coupés de sa fille est entrée dans une colère incroyable, se jetant sur son lit en hurlant.

 

Six mois après leur mariage, Papy et Mamie ont loué une maison, toujours à Ste Menehould, le frère de Mamie, Edmond habitait le rez de chaussée.Il était agent d’assurances et Grand Père Henry s’occupait des écritures.

 

Edmond s’est marié en 1931 avec Charlotte Cordier, mariage malheureux. Charlotte n’était pas ce qu’on appelle une personne facile et d’un commerce agréable. Par exemple, au baptême de Mimi, Charlotte n’a pas voulu venir car Edmond voulait emmener ses parents avec lui….C’était en fait un mariage arrangé. Par qui ???

Bref, ne s’entendant pas avec leur belle-fille, Grand-père Henry et Grand-mère Constance sont parti vivre à Etrepy, dans une maison que leur prêtaient les cousins Huot en remerciement des soins que Grand-mère avaient donnés à Monsieur Huot père (pendant 3ans car il était grabataire).

 

Grand-mère tenait la cabine téléphonique du pays. C’était amusant car à l’époque, comme la plupart des habitants n’avaient pas le téléphone, les gens envoyaient ce qu’on appelait « des avis d’appel ». Il fallait alors se précipiter chez la personne appelée afin qu’elle vienne au plus vite à la cabine téléphonique pour attendre l’appel de son correspondant. Quand j’étais en vacances là-bas, c’était moi qui allait prévenir la personne en question ou, ce que je préférais, qui gardait le téléphone .

 

Grand-père Henry y est mort le 27 mars 1949 et Grand-mère Constance y est restée jusqu’en 1958, ensuite, elle est venue vivre à Saint Dizier chez Papy et Mamie, elle y est décédée le 22 octobre 1967. Elle avait 90 ans et avait survécu à ses deux fils Eugène mort à 20 ans et Edmond mort à 55 ans d’un cancer de la gorge.

 

Mais revenons à Papy et Mamie que nous avons laissés à Ste Menehould au début de leur mariage en 1927. Papy était caissier dans une banque. En 1932, nous les retrouvons à Verdun où Mimi est née. Papy y était agent d’assurances.

 

En 1936 retour à St Dizier, toujours agent d’assurances, ils louaient une maison dans le quartier des Ajots ou je suis née, pas très loin de l’H P où Jean-Pierre est né. Puis en 1939, ils ont fait construire la maison Impasse Poignault, maison qui n’a jamais été complètement terminée à cause de la guerre.

 

Papy a été mobilisé, puis démobilisé assez rapidement. Pour nous, c'était l'exode. Mamie avait conduit la voiture jusque Chateauroux où nous l’avions rejoint. Dans la voiture, il y avait les grands parents Daunay, la tante Joséphine, Mimi avec un bras cassé et moi, très malade. Plus des tas de bagages évidemment.

 

C’était Grand-père Henry qui gardait la maison et qui faisait fuir les éventuels pilleurs avec sa grosse voix. Les autres maisons du quartier ont été, soit dévalisées, soit occupées par les allemands.

 

Grand-mère Constance est partie en évacuation en poussant une brouette dans laquelle se trouvaient diverses choses et….. une oie d’une voisine qu’elle n’avait pu se résoudre à laisser aux allemands (oie vivante bien sûr !).

 

A la fin de la guerre, Papy a encore changé de métier, Il a quitté les Assurances pour devenir Commercial à
la Purfina Française. En fait, il aurait bien aimé ouvrir un magasin (une droguerie si mes souvenirs sont bons) mais Mamie s’y est opposée : elle connaissait son bonhomme qui aurait bien vu sa femme et éventuellement ses filles au magasin pendant que lui aurait tranquillement fait les comptes et à l’occasion été à la chasse !

 

Bref, ils sont restés dans leur maison à St Dizier où nous les avons vus ensemble jusqu’au 16 décembre 1981, puis Mamie seule pendant très longtemps.

18 mars 2007

L'enfance de Mamie et la guerre 14 (par Suzanne)

Finalement, Mamie se souvient très peu de sa petite enfance. Ils vivaient donc tous les cinq, ses parents, ses deux frères et elle-même à Pargny sur Saulx ou son père était directeur de l’usine Huguenot, une fabrique de tuiles. Ils avaient une «petite bonne». Eugène était en pension à Nancy (école professionnelle) et ne revenait qu’aux vacances, de sorte que Mamie n’en était pas très proche. Edmond ; plus proche d’elle par l’âge, la faisait souvent enrager, Il était très taquin er avait parfois des idées diaboliques. Entre autres, Mamie nous racontait qu’une fois, il était tombé dans les cabinets qui, à cette époque se trouvaient dans les jardins et consistaient en une fosse dite d’aisance. Elle se souvenait que c’était son père qui l’avait sorti de cet endroit malodorant alors qu’il était élégamment vêtu d’un costume beige !

Une autre anecdote de ce terrible Edmond : Il n’avait rien trouvé de mieux que de faire une expérience avec de la poudre noire qui bien sûr lui a sauté à la figure, lui roussissant cils et sourcils ! Jusqu’à la guerre de 1914, c’est une vie sans histoire.

 

La guerre est venue tout chambouler. Grand-père Henry a été réquisitionné pour garder les voies de chemin de fer. Eugène est parti avec les cousins Courot à Quiberon. Grand-mère a caché différentes choses (des bouteilles de vin dans le fourneau par exemple, et ils sont partis tous les quatre pour garder la fromagerie au Vieux Montier. Mais ils ont dû fuir à l’arrivée des Allemands, avec les ouvriers de la fromagerie, à Bar le Duc où ils sont restés quelque temps chez des particuliers. Grand-Mère est allée aider à l’hôpital.

 

Revenus à Vieux-Montier avec les ouvriers, charrettes etc., la maison à Pargny avait été pillée et transformée en hopital, tandis que l’usine était fermée par manque d’ouvriers. Toute la famille, sauf Eugène qui était à la Vignette chez sa Grand mère paternelle, s’est alors transportée chez l’oncle Octave, mobilisé, afin de s’occuper de la ferme.

 

Edmond et Mamie sont ensuite allés à Château-Thierry chez leurs grands parents maternels pour aller à l’école. Grand-mère Constance a beaucoup souffert d’être séparée de ses enfants et de ne pas être chez elle.

 

Puis l’usine de Pargny qui fabriquait des briques et des tuiles a un peu remarché. La terre, de l’argile était extraite sur place. En 1916, grand père en était le directeur et le commercial. Edmond et Mamie étaient revenus et y sont restés jusqu'à la fin de la guerre.

 

Eugène a été mobilisé au printemps 1916, d’abord à Versailles puis sur le front en Alsace. Il avait 19 ans. Il était dans l’artillerie lourde et les enfants des écoles disaient à Mamie : Ton frère est un embusqué ! Il a attrapé une pleurésie pour avoir chargé de lourdes pièces et pour avoir eu trop chaud puis trop froid. Il était dans une grange, grelottant de froid et c’est une femme du pays qui l’a emmené chez elle pour le faire soigner. Le major lui avait donné une purge ! Pendant la nuit, il est allé aux toilettes (au fond du jardin) et bien sûr il a pris froid. Il a été transporté à l’hôpital de Grenoble où il est resté longtemps et écrivait qu’il allait revenir réformé. Mais lors de son retour, par le train, il s’est senti mal et le garde champêtre est venu prévenir ses parents qu’il était hospitalisé à Troyes. Grand mère Constance y est allée aussitôt mais il était déjà dans le coma et il ne l’a pas reconnue. Il est mort dans la nuit d’une méningite foudroyante pense-t-on.

 

La religieuse de l’hôpital est venue chercher la pauvre grand mère Constance pour l’aider à assister d’autres jeunes qui mouraient. A ce moment c’était la grippe espagnole qui faisait des ravages, les enterrements se succédaient et les prêtres bénissaient les morts seulement au cimetière. Eugène a été enterré d’abord à Troyes, puis à la fin de la guerre aux Islettes.

 

A la guerre de 14 sont morts :

  • AUGUSTE      (frère de Constance) le 26 12 1914 aux EPARGES en sautant dans une      tranchée.
  • LOUIS      (frère de Constance) en 1916. Il s’est suicidé dans un champ de blé pour      ne pas retourner au front. Il s’était marié en 1914
  • EDMOND      (mari de la tante       Félicie) Avec un copain, il était parti à la chasse aux    écureuils car il était au repos. On n’a pas su ce qui s’était passé on a      dit qu’il avait fait un faux mouvement avec son revolver.(s’était-il      suicidé ou le copain l’aurait-il tué à la suite d’une querelle, on ne le      saura jamais)
  • EUGENE      (fils de Constance et frère de Mamie) le 6 octobre 1916. Il avait 20 ans.....

 

A partir de cette date, la vie de famille a été complètement changée. A Pargny, il y avait 4 sergents américains. Puis en 1919 la tante Félicie, veuve, est venue s’installer pour plus de six mois avec ses quatre enfants. La vie n’était pas gaie, l’usine tournait au ralenti.

 

18 mars 2007

La terrible grand-mère Constance (par Suzanne)

Lors de mes séjours en Haute-Marne, j'ai interrogé Mamie sur son enfance ; vous le savez, elle était née en 1906 et avait donc 8 ans au début de la guerre de 1914. Elle avait deux frères plus âgés qu’elle et sa mère, notre grand-mère Constance racontait que Mamie était née si rapidement que le Docteur était arrivé trop tard et qu’il n’en revenait pas de trouver la patiente riant aux éclats !

 

Et pourtant dans mes souvenirs, grand-mère ne riait pas souvent. Pour vous la situer j’ai pas mal d’anecdotes. Entre autres, quand mes sœurs et moi nous nous lavions les cheveux, ou que nous allions à la piscine, elle disait que nous étions « folles de notre corps » de sorte que nous nous cachions afin qu’elle ne se mette pas en colère. Cela vous semble inimaginable…A la réflexion je pense qu’elle était jalouse de notre jeunesse et de ce qui lui semblait une liberté extraordinaire, elle qui avait connu l’époque ou les filles avaient le droit de lire uniquement le dimanche et quelques heures seulement,  et où à la pension, elles se lavaient sous leur chemise de nuit !

constance

Je m’aperçois que si je veux raconter Mamie je dois continuer à vous parler de sa mère, cette terrible « Grand’mère Constance » que les plus âgés des petits enfants de Mamie ont connue. Antoine se souvient surement des coups de canne qu’elle lui donnait quand il passait devant elle lors des séjours qu’elle faisait à Montier. Je vous l’ai dit, elle n’aimait pas beaucoup les jeunes…

En fait la jeune Constancen'avait, je pense été heureuse que le temps si bref de son enfance au milieu de ses frères et sœurs et de ses cousins Elle s’est mariée à 18 ans ! Mais j’y reviendrai.

 

Née le 17 décembre 1877, elle était l’ainée de 9 enfants. Il y avait ensuite :

  • Edmond, mort à 16 ans dans un éboulement alors qu’il était à l’école d’agriculture,
  • Auguste, mort en 1914 (la guerre),
  • Pauline, mère de Léon Bourgeois,
  • Félicie, mère de Cousine Simone (elle est à ce jour la doyenne de la famille),
  • Louis, mort en 1916 (la guerre),
  • Alice,
  • Fernand,
  • Henry.

 

Les garçons n’ont pas eu de descendance. Je reviens donc au mariage de la jeune Constance. C'est elle qui raconte:

 

« J’étais très amoureuse de mon voisin qui avait quelques années de plus que moi. Nous nous retrouvions dans les champs et je m’asseyais sur ses genoux, nous étions si bien ensemble… Et puis, il est parti faire son service militaire, sans me parler d’avenir. C’est alors que notre cousine Bancelin a dit à mon père que mon cousin Henry SAVET souhaitait m’épouser (il avait 32 ans, était rouquin et terriblement gros) mais il m’épousait SANS DOT. J’ai accepté, j’étais l’ainée de 9 enfants. »

 

Et aussi, mais c’est une opinion personnelle, pour montrer à son amoureux qu’elle avait d’autres soupirants que lui.

 

C’est ici que se place une anecdote que grand-mère Constance m’a plusieurs fois racontée :

Elle attendait son fiancé dans un train à la gare de Bar le Duc. C’est alors qu’elle l’a vu arriver, gros bien sûr, le visage cramoisi à cause de la chaleur et portant dans chaque main : Un Melon ! Elle l’a trouvé tellement ridicule qu’elle s’est cachée afin de ne pas faire le voyage avec lui ! Etait-ce le grand amour ?

 

Les parents de Mamie étaient donc cousins germains puisque leurs mères, Félicie Jacquemart, mère d’Henry et Thérèse Jacquemart, mère de Constance étaient sœurs (si vous m’avez bien suivie, la Belle-mère de Constance était aussi sa tante et inversement).

constance_et_henri

A l’époque Grand –père Henry vivait avec ses parents, il n’avait jamais travaillé, avait un cheval, bref n’avait pas de soucis financiers. Malheureusement,  juste un an après leur mariage, son père a fait faillite et sa mère a donné l’argent de sa dot pour régler la dernière paie des ouvriers (cela semble incroyable de se comporter comme cela de nos jours).

 

Le train de vie a changé du jour au lendemain….Ce qui faisait dire au frère de Grand-père Henry, Maxime, qui était resté benêt à la suite d’une maladie cérébrale : « Si papa n’avait pas travaillé, on pourrait se promener avec une canne à pommeau d’or ! ». Le pauvre Maxime est d’ailleurs mort dans la misère aux Islettes où il vivait seul depuis la mort de ses parents.

 

Les Islettes étaient une propriété que Mamie aimait beaucoup. Je devais l’y emmener mais nous n’avons pas pu y aller à cause de sa santé (c’est un regret que je traîne car cela lui aurait fait tellement plaisir d’y aller une dernière fois).

 

Donc, du jour au lendemain, la situation financière des parents de Mamie s’est dégradée. Par relations, Grand-père Henry a trouvé une place de directeur de l’usine Huguenot (fabrique de tuiles etc.) à Pargny sur saulx et ils y vivaient tous les cinq : Mamie, ses parents et ses deux frères, Eugène qui avait 8 ans de plus qu’elle et Edmond qui en avait quatre.

 

Il faut que je vous raconte deux anecdotes concernant Grand –père Henry. Vous vous rappelez qu’il était nettement plus âgé que sa femme et que de plus il était corpulent et chauve. Par contre, grand-mère Constance était mince et avait de magnifiques cheveux noirs. Ils étaient dans le train (encore) et deux gendarmes leur ont demandé leur identité. Comme ils ne voulaient pas admettre que la femme qui l’accompagnait était sa femme et non pas sa fille, Grand-père Henry s’est écrié : « qu’est-ce qu’il y a de plus bête qu’un gendarme ? C’est deux ! » Ce qui n’a pas plu du tout, mais pas du tout, aux gendarmes !

 

A cette époque, les baignoires étaient en métal et avaient un tablier qui les faisait ressembler à d’énormes sabots. On les remplissait avec des brocs d’eau chaude. Grand-père Henry crapotait tranquillement tout en chantonnant gaiement, mais quand il voulut sortir, ce fut une autre chanson : il se fit mal aux reins et il fallut aller chercher deux hommes costaux pour le sortir de là, en couchant la baignoire.

 

Je me souviens bien de lui. C’état un homme doux et sentimental que j’ai vu pleurer en lisant Colomba (je me souviens même du titre du livre ! c’est fort !)

 

Quand j’allais en vacances chez eux, à Etrepy sur Saulx, ma grand-mère Constance avait la fâcheuse habitude de m’emmener promener alors que le jour finissait : nous allions chercher du petit bois pour le feu, ou bien des champignons ou encore de l’herbe pour ses lapins qu’elle ne tuait jamais d’ailleurs ! Nous revenions à la nuit serrée et le pauvre Grand-père attendait tranquillement les mains croisées sur sa canne et il se faisait encore houspiller d’un « Henry ! Ta canne ! » Car celle-ci la gênait pour passer !

 

Grand-mère était pleine d’idées que votre Papy aurait qualifiées de « bachiques » Plusieurs fois, elle m’a emmenée sur une péniche : elle arrêtait un batelier et lui demandait s’il voulait bien nous conduire à l’écluse suivante. Ou encore, elle me faisait glaner (mais peut-être ne savez-vous pas ce que c’est que glaner ?) c’est ramasser les épis de blés laissés par la faucheuse.

Ensuite, nous emportions notre récolte au moulin, et le meunier nous donnait un petit sac de farine….

 

Je pense qu’elle a terriblement souffert d’être née femme à cette époque J’espère retrouver deux photos d’elle, photos qui m’avaient émue. La première, elle a 16 ou 17 ans. Son regard si noir est lumineux, son visage doux et heureux. L’autre photo la montre quelques années plus tard. Son visage est devenu dur, son regard est éteint et les coins de sa bouche pendent en une moue de tristesse…

 

Vous allez dire : mais ce ne sont pas les souvenirs de Mamie que tu nous racontes là et c’est sûr toute cette partie de mon récit va paraître longue aux les plus jeunes d’entre vous qui n’ont pas connu la Terrible grand-mère Constance. Je m’en excuse auprès d’eux ;

12 mars 2007

Préambule de Suzanne

Mamie nous a quittés il y a deux ans…Je commence ce travail de mémoire en me disant que ce récit aurait du être rédigé par ma sœur Mimi qui est « l’écrivaine » de la famille. Mais bon, je ferai de mon mieux.

Maintenant c’est à vous qui les avez connus et aimés d’ajouter vos propres souvenirs à ce récit que je n’imaginais pas si long en le débutant. A bientôt.

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10 mars 2007

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